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Encore une découverte du Professeur Garfinkel et de son équipe


mai 2018
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Article établi par Marie-Christine Ceruti sur la base de l’article que nous a envoyé le Professeur Garfinkel : No 77

Nous vous avions fait part des découvertes du Professeur Yosef Garfinkel dans le n° 75 des Nouvelles (mais aussi dans les numéros 54 et 59). Un autre résultat assez spectaculaire des recherches qu’il a menées avec son équipe vient d’être rendu public. Le Professeur, sollicité sur ce sujet, vient de nous faire parvenir article et photos avec la générosité qui le caractérise. Avec sa permission nous avons « simplifié » cet article et lui avons ajouté quelques précisions pour non spécialistes, trouvées dans la presse internationale.

Il s’agit d’une jarre brisée en de nombreux fragments, trouvée dans le palais au centre de la ville de Khirbet Qeiyafa dont nous vous avons déjà parlé. Beaucoup d’autres récipients pouvant être restaurés jonchaient le sol mais cette amphore avait la particularité extraordinaire de porter une inscription.
Comme les analyses radiométriques exécutées sur des noyaux d’olives trouvées dans une des jarres donnaient, comme date extrême de la destruction de la ville, entre 1006 et 970 avant J.C., nous avons là la preuve de l’existence de l’écriture à cette époque et de sa qualité. L’équipe d’archéologues travaillant avec Garfinkel s’est mise alors au délicat travail de reconstitution de la jarre, un travail gigantesque car tous les morceaux - même de quelques millimètres - présents dans la pièce, ont été recueillis.
Les lettres de l’inscription, comme vous pouvez le voir sur la photo de l’encart, sont grandes et claires, de taille similaire et régulièrement espacées, écrites par une main experte en écriture cananéenne. Vu la date à laquelle remonte cet écrit, il s’agit d’une révélation : non seulement l’écriture existait en ces lieux et dates, ce que l’on venait d’apprendre peu de temps auparavant, mais elle était parfaitement soignée.
De plus - ce qui est particulièrement intéressant - cette inscription inclut un nom personnel ʾšbʿl | ˹bn˺| bdʿ : ʾIšbaʿal fils de Bedaʿ. Ce nom de Beda, explique le Professeur Garfinkel, est unique, tandis que ʾIšbaʿal est connu dans la Bible mais n’était jusqu’à présent jamais apparu dans aucune ancienne inscription.
Précisons ici que, dans la Bible, ʾšbʿl se lit “Eshbaʿal”. Il s’agit du second roi d’Israël, le fils du roi Saül, rival de David (1 Chroniques 8, 33). Et ce roi “Eshbaʿal” (ou Isboshet comme nous allons voir), est bien celui qui, gouvernant Israël à la même époque que David, fut assassiné par des sicaires qui pensaient plaire ainsi à David. Mais David, à cette nouvelle, entra dans une grande fureur et fit tuer les sicaires. (2 Samuel ch. 4).

Contrairement à ce qui est écrit dans ce livre des Chroniques, dont nous venons de parler, le livre de Samuel utilise le nom de Ishboshet (2 Samuel 2,10) pour ce même roi, généralement interprété comme « homme de honte ». Reflétant une attitude négative envers le dieu cananéen Ba’al, l’auteur-rédacteur du livre de Samuel a censuré le nom original et a remplacé Ba’al par le mot Bosheth (« honte »). Le Professeur Garfinkel et ses collègues, dans leur article original, expliquent que cette pratique consistant à remplacer le nom de Baal par autre chose dans le nom de personnages bibliques, était relativement courante dans la période davidique ou avant celle-ci, mais que, par la suite, ce nom disparaît absolument complètement de la Bible et aussi des centaines d’inscriptions et sceaux connus de l’ancien Israël, datés du 9ème au 6ème siècles. Saar Ganor, qui est inspecteur pour l’Israel Antiquities Authority et qui enseigne à l’Université hébraïque de Jérusalem, collègue et ami du Professeur Garfinkel, explique qu’il devait à cette époque y avoir une certaine reluctance à utiliser le nom de Eshba’al qui rappelait le dieu cananéen de la tempête : Baal.

D’autres exemples de remplacement de ce nom Ba’al dans les noms de la Bible sont les noms de Gédéon : Jerubbaal (Juges 6,32) et Jerubbesheth (2 Samuel 11,21) ; les noms du fils de Jonathan : Meribbaal (1 Chroniques 9,40) et Mephibosheth 2 Samuel 4,4 ; et les noms du fils de David Beeliada (« Ba’al sait ») (1 Chronique 14,7) et Eliada (« Dieu sait ») (2 Samuel 5,16 ; 1 Chronique 3,8). Le Professeur Garfinkel ajoute trois autres individus qui portaient le nom de ʾEšbaʿal mais souligne que la partie Baʿal de leur nom a été remplacée de manière à former le nom de Jashobeam (ʾišbʿm). Tous ces noms précise-t-il sont apparus dans le contexte de l’époque de David ou plus tôt. Par la suite la Bible ne mentionne plus jamais d’autre nom contenant l’élément Baʿal dans les royaumes d’Israël ou de Juda.
La conclusion semble claire : Le vase qui nous intéresse remonte à l’époque du roi David. Il démontre aussi que l’on savait alors écrire parfaitement. (Mais il ne s’agit évidemment pas de tous les individus !)

Reste la question de savoir qui était cet ʾIšbaʿal fils de Bedaʿ. D’après les experts il s’agissait d’un notable du royaume de Juda, assez important pour avoir des jarres portant son nom. En effet sur les centaines de jarres découvertes par notre équipe d’archéologues, c’est la première qui porte une inscription, mieux… Un nom. Enfin d’après ces grands savants elle pouvait avoir servi à transporter de l’huile ou du vin.

Mais une dernière question reste ouverte : que signifie le mot qui précède sur cette amphore le nom de ce mystérieux personnage ? Il peut s’agir d’un toponyme, c’est-à-dire d’un nom propre désignant un lieu : ce qui impliquerait que le contenu de cette jarre proviendrait d’une localité ou d’une propriété appartenant à Isba’al fils de Beda. Sinon il pourrait s’agir d’une information sur le contenu de la jarre ou de ce à quoi elle servait.

Jusqu’il y a environ 5 ans nous n’avions connaissance, explique le Professeur Garfinkel, d’aucune inscription datant du dixième siècle avant Jésus-Christ provenant du Royaume de Juda et voici qu’en quelques années quatre inscriptions ont été publiées : deux de Khirbet Qeiyafa, une de Jérusalem et une de Bet Shemesh. Voilà qui change complètement la distribution de l’écriture dans le Royaume de Juda et il est clair que l’écriture était beaucoup plus répandue que ce que l’on pensait auparavant.

Voilà qui rend encore plus problématique les légendes qui considèrent comme parfaitement mythiques les récits de la Bible et ici de l’Ancien Testament.

Article établi par Marie-Christine Ceruti sur la base de l’article que nous a envoyé le Professeur Garfinkel :
http://www.luisjovel.com/wp-content/uploads/2015/06/Garfinkel_et_al_2015_Isbaal_inscription_BASOR_373.pdf

Mais aussi sur des articles trouvés dans la presse internationale sur Internet :
http://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-3126419/Who-Eshba-al-Ben-Beda-Mysterious-powerful-figure-lived-time-King-David-inscribed-3-000-year-old-pottery.html
http://www.meteoweb.eu/2015/06/archeologia-su-una-giara-dellepoca-di-re-david-un-raro-nome-menzionato-anche-nella-bibbia/464107/



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