Les Évangiles sont des documents historiques, presque des chroniques, de toute première main
Paul Partiot
Nous publions avec plaisir la lettre d’un de nos adhérents les plus zélés : Monsieur Paul Partiot. Nous voudrions simplement remarquer qu’il n’est pas écrit que ce “disciple, celui que Jésus aimait” était un des deux disciples qui ne sont pas nommés. Celui que Jésus aimait pouvait être l’un de ceux qui sont énumérés au début du passage mais il pouvait être n’importe lequel de ceux-ci, puisqu’une même personne peut être appelée de deux façons différentes par exemple “Jacques et Jean” et puis “les fils de Zébédée”. Comme la tradition de l’Eglise catholique a par ailleurs toujours assimilé le disciple que Jésus aimait avec le fils de Zébédée (par exemple Saint Jérôme dans le texte dont il est question dans ce numéro), il semble qu’il ne faille envisager de retoucher cette tradition qu’avec d’infinies précautions et des motifs impératifs. La remarque de Monsieur Partiot est cependant très intéressante et elle donnera peut-être lieu à de nouvelles recherches et remarques de nos lecteurs sur ce point très controversé aujourd’hui : Qui était l’auteur du quatrième Evangile ?
D’après une tradition ancienne et généralement admise, le quatrième Evangile est l’œuvre de Jean le fils de Zébédée. Je l’ai moi-même partagée jusqu’au jour où la vérité a littéralement jailli à mes yeux en relisant une fois de plus Jean Ch. 21 versets 1 à 24. Je vais essayer de vous faire découvrir à votre tour ce qui me semble aujourd’hui une évidence.
Regardons ce chapitre 21 comme une tragédie de Racine où sont observées les trois unités :
– le sujet : Jésus se fait voir après sa Résurrection
– le temps : l’espace de vingt-quatre heures
– le lieu : la barque de Pierre et ses alentours immédiats.
Tous les acteurs sont désignés et le narrateur a pris soin d’attribuer à chacun son surnom habituel comme s’il craignait les confusions. Et il y a deux disciples qui ne sont pas nommés. Ceci est fréquent chez Jean.
Le narrateur ajoute une précision “celui que Jésus aimait” pour l’un des deux disciples désignés sans les nommer : Ce n’est pas un des fils de Zébédée. Nous pouvons donc conclure dès maintenant qu’aucun des fils de Zébédée n’est désigné par ce terme : “celui que Jésus aimait”.
Je ne transcris pas ce texte en entier pour aller aux versets concernant mon propos. Reprenons au verset 19 :
Le narrateur prend soin de nous spécifier que ce disciple dont il ne nous donne pas le nom, comme tout au long de son Evangile, ce disciple participait bien à la Cène, qu’il était placé au côté de Jésus et avait pu demander au Seigneur, à voix basse évidemment, la demande de Pierre. C’est lui le disciple non nommé, le “disciple que Jésus aimait” qui a fait cela et non un des fils de Zébédée : ce n’est pas Jean l’apôtre.
Reprenons à la fin du verset 23. Jésus parle de ce “disciple que Jésus aimait”
Nous avons donc à l’analyse du texte la possibilité de conclusions incontournables :
Nous voyons donc que des traditions anciennes, considérées comme vénérables et certaines ne résistent pas à la réalité du texte : l’apôtre St Jean n’est pas l’évangéliste, les tableaux de la Renaissance figurant la Cène avec Jésus et “seulement les douze” apôtres sont inexacts, et l’évangéliste Jean sachant écrire a très bien pu noter le discours testamentaire dans les heures qui ont suivi.
Marie Christine Ceruti
Bruno Bioul
Professeur Grzybeck, Université de Genève