Les Évangiles sont des documents historiques, presque des chroniques, de toute première main
Robert CUNY - Bulletins Nr. 0
Monsieur Robert Cuny a été l’élève de l’Abbé Jean Carmignac au grand séminaire de Saint Dié, de septembre 1940 à septembre 1943. Il a donné à l’Association les notes précieuses – et très complètes – qu’il prit pendant le cours que l’abbé Carmignac consacra à Saint Paul au long de ces trois années, comme il le relate avec émotion dans l’éditorial des Nouvelles de décembre 2005 (n°28). [ndlr]
Né le 7 août 1914, Jean Carmignac est entré au petit séminaire de Mattaincourt, dans les Vosges, en 1925, puis au grand séminaire de Saint-Dié en 1931. Cette démarche avait pris sa source dans une âme encore très jeune mais déjà décidée à consacrer sa vie à quelque chose d’utile et qui n’avait pas tardé à comprendre que "rien ne serait plus utile que de devenir prêtre et de travailler au salut des âmes."
Soucieux de la formation spécialisée d’un certain nombre de futurs prêtres, le pape Pie XI avait demandé que des élèves des grands séminaires fussent envoyés à Rome pour y suivre les cours des universités pontificales, l’"Angelicum" et la "Grégorienne". En octobre 1934, l’abbé Carmignac fut désigné pur aller préparer à Rome les licences de Théologie et d’Ecriture Sainte ; il y commença l’étude de l’hébreu. A l’issue de cette période qui dura cinq ans, l’abbé Carmignac revint dans son diocèse muni des deux licences qu’il avait préparées. Il avait été ordonné prêtre le Samedi-Saint 27 mars 1937, dans la chapelle du grand séminaire de Saint-Dié. Au mois d’octobre 1939, il fut chargé des cours d’Ecriture Sainte et de Théologie morale au grand séminaire. Sur son initiative, un cours d’hébreu fut institué dans cet établissement. Ce cours commençait par la récitation du "Notre Père" en hébreu. Il convient de rappeler que le "Notre Père" fut par la suite le sujet de sa très emarquable thèse de doctorat, soutenue à la Faculté de Théologie de l’Institut Catholique de Paris, en janvier 1969, et à laquelle fut décernée la plus haute mention (« maxima cum laude »).
C’est le prêtre aussi que l’on trouvait dans son bureau, accueillant ceux qui s’adressaient à lui pour recevoir ses directives spirituelles, toujours exprimées dans un langage sobre et précis. Il savait écouter avec attention ; sa clairvoyance était en même temps bienveillance. On notera tout particulièrement son sens de la Providence divine qui lui était, pour ainsi dire, co-naturel, en sorte qu’il n’y avait pas de place en lui pour le pessimisme.
L’abbé Carmignac ne mettait pas de limite à son dévouement. Il en donna la preuve lorsque, déjà chargé de deux cours, on lui confia en outre la lourde responsabilité d’assurer la nourriture des 175 personnes que comprenait l’ensemble de la communauté du séminaire, pendant une période où cette tâche était particulièrement difficile en zone "occupée". Cela consistait pour lui à voyager de nuit, par tous les temps, dans une camionnette à gazogène - souvent en panne - pour collecter des vivres dans les régions agricoles des Vosges. "A ce régime, a-t-il écrit, la tuberculose m’a vite terrassé et, en juillet 1943, je devais partir au sana de Thorenc." Cependant, n’étant pas à Saint-Dié à cause de sa maladie, il échappa à la déportation des hommes qui eut lieu dans cette ville en novembre 1944. La Providence divine le préservait ainsi pour l’orienter, après un rétablissement assez satisfaisant de sa santé, vers une autre étape de sa vie qui pourrait se résumer en deux mots : Qumrân et les Synoptiques.
Puissions-nous accueillir et transmettre le message de la vie de l’abbé Jean Carmignac, toute de dévouement, de probité, de bonté accueillante et de sérénité.
Robert CUNY - Bulletins Nr. 0