Les Évangiles sont des documents historiques, presque des chroniques, de toute première main
Gino Zaninotto - Bulletin Nr.0
Sur ce sujet le professeur Gino Zaninotto a communiqué à l’intention de notre Association l’extrait suivant du livre de Otto Betz-Rainer Riesner, "Gesù, Qumran e il Vaticano. Chiarimenti" ("Jésus, Qumrân et le Vatican. Eclaircissements") Editions Vaticana, 1995, pages 221-23. Nous l’en remercions vivement.
« Le texte "Miqsat Ma’ase ha-Torah" de la grotte 4, qui a enfin eu une publication officielle en 1994, est particulièrement intéressant pour la question de la formation des premiers Chrétiens. La lettre nous est parvenue de façon fragmentaire en six exemplaires au moins, ce qui montre à quel point il était important de conserver l’enseignement du fondateur de la communauté. A partir d’un exemple contemporain comme celui-là, il est difficile de comprendre pourquoi les premiers Chrétiens auraient dû attendre au moins vingt ans après la Crucifixion et la Résurrection pour écrire quelque chose sur Jésus. Rudolf Pesch ("Das Evangelium der Urgemeinde" [Herder TB 678], Freiburg 1979) et Gerd Theissen ("Lokalokolorit und Zeitgeschichte in den Evangelien. Ein Beitrag ur Geschichte der synoptischen Tradition", Freiburg/Schweiz-Gottingen 1989) soutiennent eux aussi maintenant avec d’autres arguments que la rédaction de parties essentielles de la tradition synoptique remonte à déjà avant 40 ap. J.-C.. Si des Esséniens convertis s’étaient unis à la communauté chrétienne primitive, il se peut qu’il y ait eu au sein de celle-ci un groupe possédant une formation de tout premier ordre à la connaissance des Ecritures et qui savait comment traiter la tradition (cf. R. RIESNER, "Jesus as Preacher and Teacher", in H. Wansbrough, Jesus and the Oral Gospel Tradition, Sheffield 1991, pp. 183-210 (193- 195 ; 205-207). Il faut alors être prudents avant d’attribuer sans conteste les affirmations d’une certaine profondeur seulement à une époque plus tardive. Ces convictions doctrinales, au contraire, pourraient être présentes déjà plus tôt et même en Palestine (...).
(...) Une comparaison avec les textes de Qumrân montre que certaines expressions et certaines descriptions du Nouveau Testament, considérées par beaucoup comme grecques et d’époque tardive, sont plutôt palestiniennes et d’époque plus ancienne.
Ceci concerne même certaines parties très discutées du Nouveau Testament comme l’Evangile de Jean et les premiers chapitres des Actes des Apôtres. L’Eglise primitive a beaucoup pensé à la preparatio Evangelica, c’est à dire à la façon dont Dieu avait déjà préparé la révélation de l’Evangile au cours de l’histoire du monde. »
Ilaria Ramelli